Il ne vous reste qu’un mois. Si vous vous ennuyez et que vous avez le loisir d’être en vacances, il ne vous reste qu’un mois pour aller visiter l’exposition Crumb au Musée d’Art Moderne de Paris. Que vous aimiez le travail du bonhomme ou que (par malheur) vous ne le connaissiez pas, le MAM n’attend que vous ! Et je peux vous dire que vous sortirez de là avec un sourire certain et l’envie renouvelée de vous plonger dans les albums de ce très grand auteur américain de l’underground. Un incontournable.
Dans cette grande expo rétrospective, on retrouve plus de 700 dessins, carnets de croquis et planches originales. Par ordre chronologique, on suit les quelques 50 ans de production du monsieur. Des histoires de Fritz the Cat à la Genèse qu’il mettra plus de 4 ans à réaliser, les merveilles présentées ici donnent à apprécier la minutie du trait et le regard acéré de Crumb. Ses thématiques de prédilection sont les femmes, le désir et la peur qu’elles suscitent, la musique, la société et ses travers, les introspections d’un homme drôle et tourmenté. Planche après planche, on se rend compte du travail titanesque que cela représente, des heures passées le dos courbé sur une table à dessin. Ca force le respect. On sourit beaucoup à lire ou relire les histoires courtes présentées. L’art de Crumb oscille entre humour et lucidité. Il croque dans le vif le coeur de ses pairs et le sien. Spectateur autant qu’acteur de ses histoires, il est devenu un artiste culte à l’écriture unique. Le documentaire sur l’artiste tourné par Terry Zwigoff en 1994 est également projeté en fin d’exposition pour s’immerger un peu plus dans son univers barré.
Petite précision : si vous comptiez emmener votre neveu de 6 ans dans une expo pour tuer le temps, cherchez-en une autre. A moins que vous soyez armé pour répondre aux questions du genre : « ils font quoi le monsieur et la dame? Et là, elle fait quoi la dame? Pourquoi il se roule par terre tout nu le monsieur? ». Laisse, petit… Tu comprendras plus tard.
Si certains doutent que de la bande dessinée ait sa place dans un musée, c’est – qu’en plus d’être de sordides crétins – ils n’ont pas vu cette rétrospective. Cruelle erreur que je les invite à réparer. Et tous les autres aussi. Allez zou ! Rendez-vous au musée ! Et que ça saute.
Complètement d’accord avec vous Marie! Les amateurs de BD après avoir été raillés pendant des des années rentrent dans les musées par la grand porte. Souvenons-nous de Moebius à la fondation Cartier ou Pratt à la Pinacothèque. Quel plaisir!
Crumb est fou, mais il est irrésistible. Crumb est raleur, mais son indignation est jubilatoire. Crumb dessine les femmes sous des angles improbables, mais c’est tellement amusant. Crumb écoute exclusivement de la musique des années 20 et 30, mais il nous donne l’envie de glaner des 78 tours. Crumb est politiquement très incorrect, mais il se moque constamment de lui même. Crumb est trivial, mais c’est un génie du dessin!
Merci pour votre commentaire ! 🙂