BD : « Colo – Bray-Dunes 1999 » de Dav Guedin et Craoman

Férus d’illustrations déjantées, amateurs de l’underground qui tache, vous traquez le graphisme bizarre et l’histoire qui va vous étriller le cerveau. Les Editions Delcourt viennent de publier « Colo – Bray-Dunes 1999 », un titre autobiographique aussi décapant que ses auteurs : Craoman et Dav Guedin.

1999, le Nord de la France. Après quelques expériences d’animateur de colo, David décide de pousser plus loin et de s’enrichir d’une nouvelle expérience : être animateur de vacances pour adultes handicapés lourds. Sans plus de préparation psychologique, il se jette dans l’aventure. Il se doute que ça ne va pas être une partie de plaisir. Mais de là à se prend un tel mur en pleine gueule… L’immersion est d’une violence déconcertante. Faire bonne figure, garder son sang froid, gérer des groupes aux pathologies plus ou moins invalidantes, composer avec des individus aux réactions imprévisibles. David doit aller chercher en lui-même des ressources qu’il ne soupçonnait pas. Le contact avec chaque personnalité suppose une approche adaptée et unique. Il faut trouver des activités pour occuper les têtes et redoubler de maîtrise de soi quand il advient de nettoyer les corps. L’équilibre personnel à atteindre pour admettre tout ça est une bataille ardue et incessante.

Au fil des jours, des rituels se mettent en place, des réponses se révèlent et l’effroi laisse place à un attachement sincère. Hervé, Patrick, Yvette, Françoise ou Stéphane, autant de portraits aux caractéristiques hors-norme. Autant de figures qui resteront gravées au coeur. Des visages habituellement cachés aux yeux de tous, dont on préfère parfois oublier l’existence, parce que c’est plus simple d’ignorer. Eprouvé, choqué, David reprendra le cours de sa vie après quelques semaines inoubliables d’un enrichissement personnel inédit.

Dénué de misérabilisme ou de mièvres considérations, « Colo – Bray-Dunes 1999 » est un récit personnel entre traumatisme et illumination. Les dessins des deux compères sont à la mesure de leur propos. Le trait est organique, incisif, entre l’hallucination, le cauchemar, le détail naturaliste et le cri expressionniste. L’impact graphique est considérable. On est secoué, tant par la thématique inhabituelle que par le choc visuel qui l’accompagne. Le résultat rappelle le sentiment qu’on a pu avoir en lisant « L’Ascension du Haut-Mal » de David B. Etre confronté à la maladie, aux pathologies mentales, à la différence. Se dire que ça pourrait être nous, si la roulette-russe de la vie en avait décidé ainsi. Ca fait réfléchir. Ca fait prendre conscience. Que demander de plus à une oeuvre artistique… ?

http://craoman.blogspot.fr/

http://www.lesfreresguedin.blogspot.fr/

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