Comme à son habitude, Frantz Duchazeau nous offre un voyage dans le temps et l’histoire, à la découverte de l’univers Blues et de ceux qui en sont l’âme. Du contraste, du noir, du blanc, tantôt en opposition, tantôt en fusion, « Blackface Banjo » vient de sortir aux Editions Sarbacane, après ses titres « Les Jumeaux de Conoco Station », « Le Rêve de Meteor Slim » et « Lomax ».
Des années 1820 à la fin des années 1950 aux Etats-Unis, les blancs appréciaient les Minstrel Shows, comprenez des sketchs humoristiques mettant en scène des comédiens blancs grossièrement peinturlurés en afro-américains. De ces spectacles racistes, outrancièrement caricaturaux, part l’histoire de Blackface Banjo, un jeune vagabond noir à la jambe de bois. D’aussi loin qu’il s’en souvienne, il a erré dans les rues poussiéreuses quémandant quelques pièces. Mais son destin bascule lorsqu’après avoir virevolté et dansé sur son bout de bois pour se dégourdir la jambe, il est repéré par un charlatan itinérant.
Le bonhomme, qui vend depuis sa carriole un élixir aux propriétés imaginaires, décide de propulser Blackface sur scène pour qu’il danse devant les foules malgré son infirmité, prouvant les vertus du breuvage. Après une représentation, un banjo abandonné croise la route de notre héros bancal. Cette rencontre révèle un réel don ignoré de Blackface. Il arrive à jouer de cet instrument comme personne, ce qui inspire instantanément l’imagination du charlatan. Il y a là un peu plus d’argent à se faire. Pendant ce temps, la rébellion contre les Minstrel Shows s’organise. Un groupuscule secret appelé « Coon Coon Clan » met le feu aux théâtres où ces odieuses farces pour blancs se produisent. Blackface, sa jambe de bois et son talent se retrouvent ballottés de droite à gauche, là où le vent et les gens les emportent, au gré des amitiés, des amours et des cupidités de ses acolytes.
« Blackface Banjo » est une histoire purement « Duchazienne ». On y retrouve les éléments qu’on a aimés dans ses précédentes productions : un trait enlevé, vivant, des audaces narratives, un récit sensible dans lequel on s’évade, une certaine philosophie bercée de Blues. Cette musique coule dans les veines de l’auteur et se répand jusque dans son encre. L’atmosphère qui en ressort fait l’empreinte de Duchazeau. Et c’est toujours avec grand plaisir qu’on y retourne pour une nouvelle aventure.
Viens de le terminer… rha j’ai tellement aimé tous ces derniers albums; celui-ci m’a un peu déçu. il est aussi beau et virtuose, mais il y a quelque chose d’impalpable que je n’ai pas retrouvé. Certainement du à mon état d’esprit au moment T.
L’état d’esprit à l’instant T de la majorité des français, qu’en dire… Pas facile de se laisser aller à la gaudriole et aux plaisirs divers. Bleh…
Ca se voit que j’ai du créer mon sourire grâce à Photoshop ? Y en avait pas sur la photo de base.
ouais, on entre là de plein pied dans une des difficultés de notre métier… en faire abstraction et avoir un regard objectif… du coup je suis content d’avoir d’autres avis sur blackface.
Je trouve que les moments muets (mais où on comprend tout par le geste) fonctionnent super bien, comme si on regardait un vieux film muet, juste quelques notes de Blues en font. 🙂
par contre je te suis à fond sur locke and key… je me les suis tous refaits pour être sûr, et vraiment, bonnardo de chez bonnardo !
Ah ben pareil ! J’ai tout relu ! 😀
Ce qui est un luxe quand on a plein de choses à lire. Mais on s’en fout, on est des fous !
oui pour les moments muets, mais en plus de sa virtuosité au dessin, duchazeau a un super sens du dialogue… dommage qu’il ne nous en a pas fait profiter autant que ce que j’en attendais
Rhaaaa… Rabat-joie !
mais non mais c’est dûr quand t’es déçu ! mais je sens que vais être un peu seul sur ce coup