BD : L’Amour Infini que j’ai pour toi de Paulo Monteiro

Dans la BD aussi, on peut trouver de la poésie pure. Jusque dans le format, des petites histoires courtes, oniriques, absurdes, surréalistes. Quelques pages brèves remplies de tant d’humanité que vous avez le sentiment d’y voir le monde dans sa globalité. Publié par les Editions Six Pieds Sous Terre, « L’Amour Infini que j’ai pour toi » de Paulo Monteiro est rempli de ce monde.

Ce petit recueil de dix histoires courtes est une vraie surprise. Une belle couverture qui rappelle le dessin de David B, je me dis que c’est de bon augure. J’attrape l’ouvrage et tourne les pages une à une. Je lis doucement, parce que la plume de l’auteur impose un rythme. Je me laisse mener. Chaque nouvelle a une technique graphique et une thématique qui lui sont propres. Plus on avance, plus une respiration se fait. Oui, c’est comme si quelqu’un nous récitait des poèmes. Mais en image.

On rencontre des personnages, des décors, des univers, des temps, dans lesquels l’auteur a sans doute mis beaucoup de lui. Et de nous aussi. C’est intime, doux-amer, chaleureux et froid. La poétique du dessin me rappelle un peu de Mattotti et je pense à la naïveté et à la force des peintures de Frida Kahlo sur certaines illustrations. Le titre, « L’Amour Infini que j’ai pour toi », est celui emprunté à une de ces fables. Que les lecteurs réfractaires aux mièvreries fleur-bleue ne s’effraient pas. Ce n’est pas ce qu’ils trouveront dans l’album de Paulo Monteiro.

Je ne peux vous en dire guère plus sans déflorer ces récits suspendus entre la réalité et le ciel. De plus, à la lecture d’un sonnet, de quelques vers, chacun y projette quelque chose qui lui est propre. Il y a autant de façons différentes de lire ce type d’ouvrage qu’il y a de lecteurs. Et d’ajouter qu’on trouve un certain salut dans la poésie. Elle est nécessaire. Merci Mr Monteiro de m’avoir un peu sauvée aujourd’hui.