Et soudain, voilà. VOILA. Là, quelque chose se passe. L’excitation dès la découverte de l’objet. Le coup de foudre graphique. La tonalité impeccable. La poésie noire partout. L’être humain et ses ténèbres… Larcenet est de retour. Il adapte aux éditions Dargaud le roman de Philippe Claudel : Le Rapport de Brodeck. Et bon sang ! c’est une excellente raison pour venir vous en parler ici.
Après la guerre, Brodeck est revenu des camps. Tel un fantôme, en marge des habitants de son village, il s’est doucement reconstruit autour de sa femme et de sa fille. Il habite à côté des autres, sans faire partie du groupe. Brodeck écrit des rapports sur la faune et la flore, c’est ainsi qu’il gagne sa vie. Sans faire de bruit, sans déranger. Une nuit qu’il part chercher du beurre à l’auberge, il trouve tous les hommes du village rassemblés là. La peur et la violence envahissent la pièce. Brodeck ressent chaque sentiment avec stupeur et hébétude. Ils sont tous là, ils ont ensemble commis un acte extrême.
Depuis quelques temps, un étranger avait débarqué sans crier gare. Armé de son air apaisé et de son érudition, son carnet de dessins à la main, cet intrus avait réveillé quelque chose de mauvais chez les habitants. Sa différence avait suscité la défiance. Son altérité avait provoqué le rejet immédiat et définitif. Il allait se passer quelque chose, c’était une affaire de temps. Obligé. Il le fallait pour que tout revienne à la normale. Ce soir-là dans cette auberge, Brodeck est un innocent entouré de coupables.
Dans cette ambiance de tension immense, où l’horreur devient tangible, on va ordonner à Brodeck d’écrire un rapport sur ce qui vient de se passer. Pour que les gens comprennent. Pour que tout soit bien entendu. Pour que les bourreaux soient blanchis et que les consciences ressortent immaculées. Sous la pression violente de l’assemblée, Brodeck ne peut qu’accepter.
Comment décrire ce que je viens de lire ? Les mots me manquent presque pour décrire la beauté du dessin de Larcenet, sa capacité à développer une ambiance précise, acérée, pesante tout en restant poétique et foutrement belle, pardonnez-moi l’expression. Il y a dans cet ouvrage un naturalisme classique qu’on ne croise que très peu en bande dessinée, pas à ce niveau-là en tout cas. La justesse, l’homogénéité de l’ouvrage, tout est tenu. Il y a des moments de grand silence où la pensée est suspendue, où on entend la nature tandis que l’âme humaine se tord dans sa complexité, se recroqueville sur elle-même comme un linge sale qu’on vrille pour l’entendre crisser. Le noir et blanc est une évidence puisque c’est une histoire de francs contrastes. La noirceur de l’Homme et sa (rare) lumière. Format à l’italienne, beau papier épais, jaquette… Tout est parfait. Sauf qu’on doit attendre la parution du deuxième et ultime album pour connaître le dénouement de l’histoire. Délicieuse et impossible attente, Monsieur Larcenet ! Et, encore une fois, merci.
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Hay días en que buscas y no encuentras nada digno de atención y otros en los que sin saber como aparece algo que te engancha, y eso ne ha pasado con tu blog, buscando comics por Internet unos ojos hermosos me han traído hasta aquí y me han permitido descubrirte. Enhorabuena, muy buen blog!
Hola David, no hablo muy bien el castillano pero muchas gracias.
Can you read me in French or English ?
My english is little but ok.
This week i read chaboute’s Moby Dick, i think is a wonderful book. Powerful black and white in every page.
I really love Chaboute’s work. You should read « Tout seul ».
And maybe you should try « Ibicus » by Rabate. And « Le Loup des Mers » by Riff Reb’s. 🙂
Was Moby Dick translated or did you read it in French ?
If you need an advise every once in a while, you can ask me anytime 🙂
Thank you for your advice.
I’ve read in spanish versión, although I have some bd in French: « Odin » of Erwan Seure le Bihan , « Arthurian cycle » of Lereculey and « Les Tours de Bois-Maury » of Hermann.
I live in Barcelona and the Catalan language has similarities with the French, and understand the concepts more or less… 🙂
It’s too bad I can’t speak the Catalan language. I’m a bit ashamed cause that’s my family roots… My grandparents and my father are living near Perpignan 😉
Well ! You should read Le Rapport de Brodeck. It’s an amazing piece of art.
For real? what a coincidence … 🙂
I think the black and white is much more beautiful than infographics colors used lately in the comic industry.
I love « old school » ink 😉
For real for real 😉
You can find some very good artists using real colours too. You should check Tony Sandoval’s work for example. Even if I guess he is using both old school and computer inking. It’s beautiful anyway.
I’ll look for work by that artist, Thanks! 😉
Is a pleasure talking to you.
You know any Spanish artist?
Tony is a mexican artist who lives now in Switzerland.
And of course I know a few Spanish artists translated in French. The authors of Jazz Maynard (Roger and Raule) for example or Blacksad (Canales and Guarnido). Maybe a few more. 🙂
I have understood that Blacksad is well know in France and I think one of the authors lives in France.
You know Torpedo 1936? It is a gangster’s bd, and its main character is a cold and sarcastic gunman.
Yes I know this one too 🙂
We speak another day if you like. I do not want to abuse your patience … 😉 jajaja
I sent you an email, but I’m not sure you got it 😉
I have answered your email 😉