Tiens ! Je vous parlais de Thomas Ott il n’y a pas si longtemps (ici) ! Voilà que les Editions Apocalypse viennent de sortir une nouveauté du bonhomme. Du noir, du blanc, du contraste ! C’est ça qu’on veut ! Des choses tranchées, dessinées au scalpel. Ne coupez pas. Vous entrez dans la Quatrième Dimension, ou plutôt, dans « Dark Country ».
Une lune de miel qui sent la cuite épique, un motel pourri sur le bord d’une route infinie, parce que le but du mariage, c’est de consommer. Parfois y a pas d’autre intérêt que celui-ci. Un homme et une femme sont en train de vivre ce moment. Une fois l’affaire conclue, ils reprennent la route. Elle s’endort. Lui, au volant, se remémore leur rencontre, déjà nostalgique.
Un bar à strip-tease, des billets glissés dans sa culotte, une virée au casino, puis à la chapelle. Pourquoi perdre du temps avec l’amour romantique ? Il rêvasse, oublie de regarder la route. Et BANG ! C’est là que l’histoire décroche pour nous emmener vers un autre genre de glauque. La réalité toute crasse se détourne et on plonge dans le cauchemar éveillé. Je ne peux bien sur pas vous en dire plus, au risque de dévoiler trop de l’intrigue.
Il va falloir me faire confiance, mais surtout faire confiance à Thomas Ott, accompagné ici par Thomas Jane & Tab Murphy. Murphy a écrit le scénar’ de « Dark Country », Jane en a fait un film de 90 minutes et Ott l’a assaisonné à sa façon, comme on aime. Cette technique de la carte-à-gratter qu’il maîtrise à la perfection apporte cette ambiance unique, visqueuse, lugubre. Parfait pour ce genre d’histoire qui oscille entre un réalisme clinique et un frisson d’épouvante irrésistible.
Le seul bémol, le rapport temps de lecture/prix. Certes l’album est magnifique, toilé, papier épais et tout le tintouin. M’enfin… 19€… Il vaut mieux bien prendre son temps sur chaque page. Ca fait penser à la cuisine moderne, accessible aux porte-feuilles garnis seulement. Deux feuilles de salade, une coulée de vinaigre balsamique et un dé à coudre de foie-gras pour le quart d’un SMIC. C’est abuser les gars.
Petite anecdote. J’ai découvert Thomas Ott il y a quelques années de cela avec ‘Exit’, chez Delcourt. Mais il avait fallu insister car la libraire de la Fnac l’avait retiré du rayon au bout de quelques jours seulement. Pourquoi ? Parce qu’elle trouvait « ça » moche !
Envie de commettre un attentat pâtissier…
Chaque libraire met son empreinte en son domaine et influence les lectures des gens, aussi. C’est comme ça.
Et ça t’apprendra à aller à la FNAC. 😉
🙂
Oui ça m’a servi de leçon et depuis j’ai changé d’adresse pour une petite librairie (2 niveaux quand même) tenue par de jeunes passionnés.